En faisant du peintre belge Michaël Borremans une source d’inspiration centrale de Speechless Voices, Cindy Van Acker vient inscrire ses six danseurs dans une réalité narrative nouvelle. Les qualités habituelles de son mouvement - lenteur, géométrie et abstraction - se laissent ici traverser par du figural, des images lisibles, des stases expressives. C’est une communauté humaine qui fait tableau, qui cherche par le corps à ritualiser l’absence et la présence, la solitude et la relation, afin de les transmuter. Les déploiements machiniques, végétaux ou animaux qui vitalisent la plupart des pièces de la chorégraphe rencontrent ainsi des énergies plus clairement anthropocentrées. Peut-être parce que la pièce est un poème chorégraphique composé en hommage à Mika Vainio, compositeur de musique électronique avec qui Cindy Van Acker a souvent collaboré, disparu en 2017. « Nous avions une communication intuitive, intense, souvent sans mots. Nous avions une voix commune qui se posait ailleurs.» Speechless Voices cherche à inventer un langage partagé pour emplir l’espace, entrer dans le corps des spectateurs, se connecter à l’autre.