Le mot « drift » signifie aussi bien la « dérive », en anglais, que « la colère », « l’ardeur » ou « la pulsion» en néerlandais. En français, c’est également un terme de géologie, qui désigne les matériaux charriés par les glaciers. Tous dérivent d’une même étymologie indo-européenne: le « drift » est ce qui pousse, provoque et conduit l’action, mais il deviendra, par les mystères de l’évolution linguistique, ce qui la subit. Un des derniers sports automobiles à la mode traduit d’ailleurs « drift » par « dérapage contrôlé » : glisser dans la maîtrise, dériver sans perdre pied. L’idée est la même : le « drift » est une force intérieure, un conducteur, ce qui en impose lentement, ce qui porte et est emporté, jusqu’à la dérive. Mais la dérive s’assimile aussi à un plaisir de l’errance et du non-sens. Il s’agit alors de se laisser guider plutôt que de conduire, de flotter à la surface de ces fleuves promenant des matériaux d’un lointain passé, de voguer et de vaquer, portés par le continental drift — la dérive des continents — AS