Étant invitée pour l’ouverture du Festival DepARTures de Münich, en novembre 2023, Cindy Van Acker a imaginé Sunfish : un assemblage très sensible d’extraits de pièces existantes, portés par les sons du collaborateur et ami décédé en 2017, Mika Vainio. Depuis Kernel en 2007, la chorégraphe a eu la chance de travailler sur plusieurs créations avec cet incroyable musicien, pionnier de la musique électronique. Ils ont cheminé ensemble pendant 10 ans, et sa disparition a été un choc pour elle. «Sa musique atteint chaque cellule de mon corps et me met en mouvement, elle est complètement mêlée à ma pensée de la danse. Nothing will be the same

Le montage de Sunfish tient en haleine et il fait spectacle, véritablement. Comme la saisie intense de corps, constamment sur le vif d’une rencontre avec les matières sonores. Des nappes, des vibrations, des beats. Au cœur de ce corpus, le solo de Cindy Van Acker Knusa/Insert coins (2016), construit en osmose avec les sons de Mika Vainio. Placée sous haute tension, cette pièce est inaugurale d’une recherche méticuleuse sur les textures croisées du mouvement et de l’électronique. Là où de micro-changements dans la durée, l’attaque ou l’interruption d’un geste peuvent donner l’impression que c’est le son qui commande le mouvement, ou l’inverse. Ces jeux de simultanéité ou de déclenchement ouvrent un espace de suspens qui captive littéralement l’attention. En plus de la chorégraphe, quatre interprètes magnifiques traversent Sunfish (Stéphanie Bayle, Matthieu Chayrigues, Yuta Ishikawa, Daniela Zaghini), autres virtuoses capables de matérialiser les multiples couches d’une musique pour les faire entendre par le geste. Un voyage éclatant, dansé au cœur de la musique électronique. — MP