On pense tout d’abord que Diffraction est une pièce pour six. Cela parce qu’elle est issue de six soli composés par Cindy Van Acker au cours des deux dernières années, et parce qu’on voit le nom des six danseurs : quatre femmes, deux hommes. Mais Diffraction est en fait une pièce pour six + un. Et ce partenaire ajouté, incontournable, omniprésent, humanisé par moments sous les apparences d’un grand oeil inquisiteur qui vient regarder le public de près, c’est la lumière. Il y a là un travail immense, méticuleux, déraisonnable presque, pour chorégraphier une machine à tubes de néon. Les deux soli, Obtus et Nixe, avaient amené la chorégraphe au seuil d’une fusion organique entre une danseuse et un environnement de barres fluorescentes. Ce seuil est franchi ici sans volontarisme, avec grâce. Au point qu’à un moment, on ne sait plus si ce sont les danseurs qui organisent une géométrie lumineuse ou si ce sont les néons eux-mêmes, glissant de forme en forme, qui impulsent le mouvement. Diffraction, avec sa puissante partition lumineuse, se vit comme un hommage au chaos progressif. Sans jamais pourtant quitter une structure chorégraphique extrêmement simple. — MP