Don Giovanni (2021)
Distribution et mentions
Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791)
Opéra en deux actes sur un livret de Lorenzo da Ponte
Création à Salzbourg, Grosses Festspielhaus — 2021
Direction musicale Teodor Currentzis Mise en scène, décors, costumes et lumières Romeo Castellucci Chorégraphie Cindy Van Acker Dramaturgie Piersandra Di Matteo Collaboration aux Costumes Theresa Wilson Collaboration à la mise en scène Maxi Menja Lehmann Collaboration aux décors Alessio Valmori Collaboration aux lumières Marco Giusti Don Giovanni Davide Luciano Il Commendatore Mika Kares Donna Anna Nadezhda Pavlova Don Ottavio Michael Spyres Donna Elvira Federica Lombardi Leporello Vito Priante Masetto David Steffens Zerlina Anna Lucia Richter Choeur MusicAeterna Choir, voix masculines du Bachchor Salzburg Chef des chœurs Vitaly Polonsky Orchestre MusicAeterna Orchestra
Opéra en deux actes sur un livret de Lorenzo da Ponte
Création à Salzbourg, Grosses Festspielhaus — 2021
Direction musicale Teodor Currentzis Mise en scène, décors, costumes et lumières Romeo Castellucci Chorégraphie Cindy Van Acker Dramaturgie Piersandra Di Matteo Collaboration aux Costumes Theresa Wilson Collaboration à la mise en scène Maxi Menja Lehmann Collaboration aux décors Alessio Valmori Collaboration aux lumières Marco Giusti Don Giovanni Davide Luciano Il Commendatore Mika Kares Donna Anna Nadezhda Pavlova Don Ottavio Michael Spyres Donna Elvira Federica Lombardi Leporello Vito Priante Masetto David Steffens Zerlina Anna Lucia Richter Choeur MusicAeterna Choir, voix masculines du Bachchor Salzburg Chef des chœurs Vitaly Polonsky Orchestre MusicAeterna Orchestra
A propos
Pour Romeo Castellucci, aborder Don Giovanni signifie se confronter à l'ambiguïté, à la complexité et au déséquilibre intérieur que Mozart confère au protagoniste de son opéra. Vitalité et destruction : Castellucci voit dans cette ambivalence essentielle une fascination pour le personnage. Sa force vitale, entièrement liée à l'instant présent, s'incarne avec une prégnance symbolique dans "l'air du champagne" "Fin ch'han dal vino", qui court comme un dératé. Il constitue le prélude frénétique d'une fête ouverte à tous et dont Don Giovanni dit sans détour le véritable but : Leporello, son serviteur et alter ego antithétique, doit ensuite pouvoir allonger de dix noms la liste des conquêtes féminines de Giovanni. Son existence vouée au principe de plaisir, qui ne connaît ni repos ni réflexion, pousse Don Giovanni à une séduction ininterrompue - une contrainte désespérée dans laquelle se reflète, au-delà du plaisir, la conscience de sa propre finitude, de la mort.
Le Don Giovanni de Mozart a été décrit par Kierkegaard comme l'esprit du désir sensuel, "l'incarnation de la chair". Sa vie se réalise dans l'immanence pure, par-delà le bien et le mal. C'est ce qui le rend hautement dangereux. Car pour Don Giovanni, aucune règle de vie sociale ne s'applique, il ne reconnaît aucune loi - que ce soit la loi de la morale, du droit ou de la religion. Il se révolte contre la loi du père. Bien qu'il représente une énergie flamboyante qui magnétise et met en mouvement les gens autour de lui, Don Giovanni s'isole radicalement de la société (non sans profiter de son statut privilégié). Dans tout ce qui est saisi par lui, il apporte la confusion, le chaos et la destruction.
La danse lors de sa fête doit être "sans aucun ordre", dit l'"air du champagne", et Mozart prend Don Giovanni au mot : par la superposition de différents mouvements de danse, il y a même un moment d'effondrement de la structure musicale dans le final du premier acte.
Le titre principal original de l'opéra prend en ce sens des connotations plus profondes, car le mot "dissoluto", qui désigne à première vue un homme débauché, laisse transparaître son origine étymologique de "dissolvere" - "(dissoudre)" : Don Giovanni est en effet détaché de tout lien avec l'ordre humain, et encore moins avec l'ordre supérieur. Plus encore, il est quelqu'un qui "dissout" activement, qui sépare et qui divise. L'introduction de l'opéra se termine - après la tentative de Don Giovanni de violer Donna Anna dans l'obscurité de la nuit - par la mise à mort du père de celle-ci, le Commandeur. Pour la première fois, la société se retourne contre le coupable, bientôt identifié par Donna Anna, en appelant à la vengeance. Comme dans la pièce catholique de Tirso de Molina El burlador de Sevilla y convidado de piedra, qui marque la naissance du personnage de Don Juan au début du XVIIe siècle, il n'est pas "puni" - "punito" - par une force humaine, mais par une force surnaturelle : le Commandeur revenu sous forme de statue, "l'hôte de pierre". L'irruption de la transcendance ne sera jugée disproportionnée que par ceux qui ne voient en Don Giovanni que le séducteur scélérat auquel le livret de Lorenzo Da Ponte tend à le réduire. Mais Mozart ouvre des abîmes, des dimensions de tragédie et d'anarchie - dès le tout premier moment : Le début de l'ouverture anticipe la musique de l'"invité de pierre", ce dialogue entre le Commandeur et Don Giovanni, "par lequel même le plus sobre est entraîné jusqu'aux limites de l'imagination humaine, voire au-delà, là où nous voyons et entendons le surnaturel" (Eduard Mörike dans Mozart en voyage à Prague).
Romeo Castellucci a développé sa mise en scène en échange continu avec Teodor Currentzis. Il a s'agit de saisir les personnages autour de Don Giovanni dans leurs caractères nettement différenciés et leurs physionomies musicales ainsi que leur relation respective avec le protagoniste, sans pour autant nier l'élément comique de ce "dramma giocoso". Au fil de l'intrigue, Castellucci a chargé l'espace scénique neutre de connotations précises, qu'il ouvre en creusant en profondeur dans l'œuvre. — Christian Arseni, Piersandra Di Matteo
Le titre principal original de l'opéra prend en ce sens des connotations plus profondes, car le mot "dissoluto", qui désigne à première vue un homme débauché, laisse transparaître son origine étymologique de "dissolvere" - "(dissoudre)" : Don Giovanni est en effet détaché de tout lien avec l'ordre humain, et encore moins avec l'ordre supérieur. Plus encore, il est quelqu'un qui "dissout" activement, qui sépare et qui divise. L'introduction de l'opéra se termine - après la tentative de Don Giovanni de violer Donna Anna dans l'obscurité de la nuit - par la mise à mort du père de celle-ci, le Commandeur. Pour la première fois, la société se retourne contre le coupable, bientôt identifié par Donna Anna, en appelant à la vengeance. Comme dans la pièce catholique de Tirso de Molina El burlador de Sevilla y convidado de piedra, qui marque la naissance du personnage de Don Juan au début du XVIIe siècle, il n'est pas "puni" - "punito" - par une force humaine, mais par une force surnaturelle : le Commandeur revenu sous forme de statue, "l'hôte de pierre". L'irruption de la transcendance ne sera jugée disproportionnée que par ceux qui ne voient en Don Giovanni que le séducteur scélérat auquel le livret de Lorenzo Da Ponte tend à le réduire. Mais Mozart ouvre des abîmes, des dimensions de tragédie et d'anarchie - dès le tout premier moment : Le début de l'ouverture anticipe la musique de l'"invité de pierre", ce dialogue entre le Commandeur et Don Giovanni, "par lequel même le plus sobre est entraîné jusqu'aux limites de l'imagination humaine, voire au-delà, là où nous voyons et entendons le surnaturel" (Eduard Mörike dans Mozart en voyage à Prague).
Romeo Castellucci a développé sa mise en scène en échange continu avec Teodor Currentzis. Il a s'agit de saisir les personnages autour de Don Giovanni dans leurs caractères nettement différenciés et leurs physionomies musicales ainsi que leur relation respective avec le protagoniste, sans pour autant nier l'élément comique de ce "dramma giocoso". Au fil de l'intrigue, Castellucci a chargé l'espace scénique neutre de connotations précises, qu'il ouvre en creusant en profondeur dans l'œuvre. — Christian Arseni, Piersandra Di Matteo
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