Pour Romeo Castellucci, aborder Don Giovanni signifie se confronter à l'ambiguïté, à la complexité et au déséquilibre intérieur que Mozart confère au protagoniste de son opéra. Vitalité et destruction : Castellucci voit dans cette ambivalence essentielle une fascination pour le personnage. Sa force vitale, entièrement liée à l'instant présent, s'incarne avec une prégnance symbolique dans "l'air du champagne" "Fin ch'han dal vino", qui court comme un dératé. Il constitue le prélude frénétique d'une fête ouverte à tous et dont Don Giovanni dit sans détour le véritable but : Leporello, son serviteur et alter ego antithétique, doit ensuite pouvoir allonger de dix noms la liste des conquêtes féminines de Giovanni. Son existence vouée au principe de plaisir, qui ne connaît ni repos ni réflexion, pousse Don Giovanni à une séduction ininterrompue - une contrainte désespérée dans laquelle se reflète, au-delà du plaisir, la conscience de sa propre finitude, de la mort.